1 avr. 2007

La musique en Chine, première partie.


La Chine fait régulièrement les gros titres de la presse économique, et sera au centre du monde lors des Jeux Olympiques de 2008 à Pékin. Mais quelle place a vraiment la musique dans ce pays ? Comment peut vivre cet art alors que la contrefaçon est reine dans ce pays ? J’ai interviewé deux français expatriés pour mieux comprendre la musique en Chine. Le premier travaille à Shanghai depuis plus d'un an et a monté un "Bar Live" en parrallèle de son activité. Le second est chercheur dans une université et se produit régulièrement sur les scènes Chinoises à ses heures perdues.

Première Partie :

Laurent Piccone, 37 ans, expatrié à Shanghai, a créé le "Pub Piccone" à Shanghai.

Que faites vous à Shanghai, pourquoi vous être expatrié de France ?

Mon véritable métier est « acheteur chez IBM China ». Je m’occupe de la partie « frais généraux ». Je travaille également depuis quelques mois sur la création d’un « Live Bar ». J'ai quitté la France pour vivre une aventure à l'international en saisissant l'opportunité de travailler en Chine.

Comment est née cette idée de bar à Shanghai ? Avez vous des associés ? Si oui de quelle nationalité sont ils ?

Je suis passionné de musique, et je trouve que les lieux consacrés aux concerts à Shanghai ne sont pas en grande quantité. De plus, la qualité des groupes amateurs se produisant à Shanghai laisse à désirer, et ces groupes, souvent composés de musiciens d’Asie du Sud sont de mauvaise qualité.

Je me suis dit qu’il serait intéressant de créer un endroit où la musique et la fête ne feraient qu’un. J’ai donc eu l’idée, avec deux amis Japonais de louer un espace accueillant un bar et une scène pour que la musique soit au centre du concept. Tous les soirs, des groupes se produisent et les visiteurs ont la possibilité de monter sur scène, improviser, lors des soirées « open stage ».


Quelle fût votre stratégie pour l’implantation du bar ?

Pour s’implanter en Chine on retrouve souvent le système de corporation, « tous les plombiers dans la même rue ». Pour les bars c’est un peu la même chose. Maintenant notre bar est situé au 1etage au dessus d’un magasin de musique dans un croisement de rue très fréquenté par les fetards de la ville. Le fait que nous n’ayons pas de vitrine a des inconvénients. Il faut faire marcher le bouche a Oreille ou faire plus de pub, mais les avantages sont de pouvoir tout isoler sans avoir de fenêtre et de payer le prix par mètre carre deux fois cher.

Quels sont les styles représentés ?

Nous voulons une certaine variété pour ne pas fermer nos portes aux amateurs de certains styles de musique. Nous avons eu un groupe folk venue de Mongolie, mais aussi un groupe de Métal Chinois, des groupes de Blues, de Pop-Rock et de Funk composés de musiciens expatriés d’Europe.

Quelle type d’affluence attendez vous ?

Essentiellement des étrangers Japonais et occidentaux avec une minorité de Chinois. On sait très bien que les Chinois préfèrent pour le moment les bars Chics, mais notre bar voit de plus en plus de Chinois venir apprécier la musique occidentale.

Qu'est ce que les français peuvent apporter selon vous en chine au niveau de la musique ?

Les Chinois n’ont pas encore véritablement accès à la musique occidentale, elle n’est pas assez connue ici, hormis quelques stars internationales. Les Français expatriés peuvent donc aider les Chinois à s’ouvrir culturellement au travers des concerts.

Comment réagissent les Chinois vis-à-vis de la musique occidentale ?

Le peu de musique occidentale qui arrive sur le marché Chinois est très médiatisé et est perçu comme un symbole de modernisme, de liberté et surtout de beauté. Les Chinois ont besoin de s’identifier à des icônes internationales, même si les artistes internationaux connus en Chine ne sont pas les plus doués de leur génération.

Quelle place cette musique a en Chine ? Existe-t-il un embargo sur la musique étrangère ?

Les Chinois laissent une place significative à la musique traditionnelle, mais très peu à la musique occidentale. Le protectionnisme Chinois et la distance de la langue Anglaise comprise par une part trop minime de la population font partie des raisons de cet éloignement. Les stars de la télévision passent souvent pas la case « chanson » en Chine, et les Chinois s’intéressent de plus en plus à la musique, surtout qu’une sorte de variété chinoise, aux sonorités occidentales, prend de plus en plus d’importance ici.

En ce qui concerne la venue des groupes occidentaux en Chine, on peut dire qu’ils sont la cible du gouvernement Chinois, le dernier concert des Rolling Stones a par exemple été amputé de quatre chansons par les autorités.

Quels sont les premiers retours des occidentaux quant à la mise en place de ce bar ? L’affluence escomptée est-elle au rendez-vous ?

Ils trouvent ça génial ! Il se retrouvent enfin dans un lieu où ils se reconnaissent et où ils peuvent élargir leur cercle d’amis. J’ai eu de nombreux retours très positifs, l’endroit plaît car la décoration est sobre, le son est de bonne qualité et les consommations ne sont pas chères du tout, sans compter les soirées Open Bar qui sont légion à Shanghai. Nous avons une clientèle régulière et nous remplissons régulièrement notre bar.

Imaginez vous une déclinaison à d'autres lieux, à d'autres villes en Chine ?

Tout a fait, Shanghai est saturé au niveau de la croissance et les entreprises se déplacent vers le centre du pays dans des villes comme Chengdu. Avec une population de 10 millions d’habitants et deux bars seulement ce sera certainement la prochaine ville ou il faudra s’installer si ça marche.

La deuxième partie, avec l'interview de Sebastien Boulay.

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